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Tournage de Redescendre des nuages

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Tournage de  Redescendre des nuages Empty Tournage de Redescendre des nuages

Mensaje  juanto 07.05.19 0:14

« La tristesse se console et s'égare dans la lassitude » avait-elle dit...

S’habituer au silence

I- Dans un pays loin de celui-ci.

Il fut une fois, le rêve accompli de toute une vie, qui ne dura qu’une seconde. L’avenir certain d’un nouveau lever de soleil allait mourir par le refus de faire la route ensemble. Prêt à tout, l’héroïne du film écoutait les excuses sans fondements réelles que l’on accepte par amour et le dessin de la peur sur son visage étonné marquait l’écran, le metteur-en-scène était content.

Dans mon rôle, je devais trouver la réplique idéale à sa phrase, il voulait de l’improvisation, alors voilà. « La tristesse n’est ni plus ni moins qu’un long silence »

Sur son visage se dessinait la peur de perdre sa vie si bien rangée et surtout ses habitudes ordonnées dans une famille aimante, l’amour du jeune premier n’était pas assez fort pour l’emporter dans ses bras. Le film avançait, et les relations des premiers temps de partage, défilaient lentement, montrant la parfaite relation où tout était coordonné. En attendant mon intervention, je lisais mon texte et le scénario dévoilait désir d’immortalité d’un orphelin qui avait trouvé l’amour de sa vie. D’un malin plaisir, l’auteur fit en sorte que cela ne se produise jamais.

Au fur et à mesure de la lecture, ce jeune homme était épris d’une telle manière que toute souffrance lui était égale. Je me fondais dans le personnage, et je pouvais ressentir cette douleur profonde de passer à côté de tout. Certes la plus grande douleur avait été de perdre ses parents, alors c’est vrai, il pouvait survivre à ce non catégoriquement camouflé en mots bidons roulant sur le décor.

L’actrice à qui je donnais la réplique était un peu plus jeune que moi, dans son jeu de regard dès les premiers mots du tournage, sur ce pont de St Jean où nous devions nous retrouver jour après jours, elle laissait entrevoir son intelligence et sa maestria dans le mensonge… L’intrigue selon le directeur était de jouer avec cette facilité déconcertante qu’elle avait de dire des choses qu’elle ne pensait pas. Logique pour une actrice indépendante, qui s’amusait des amours d’un jour. Tout était faux, décor, bruits, sourires. On venait nous maquiller toutes les secondes, nous avions le papier à la main que nous laissions juste avant de commencer à jouer.

Dans un traveling de gauche à droite, la caméra balayait une pièce avec une belle bibliothèque, devant elle, se tenait un bureau ancien qui avait traversé les siècles. Tout était bien fait, les lettres d’une longue correspondance étaient étalées du bureau vers le tapis et en suivant ses déchirures blanches la caméra s’arrêtait devant un vieux fauteuil où je me trouvais agonisant de tristesse. Le personnage avait traversé toute une vie cherchant la perle rare et quand dans sa cinquantaine il trouvait enfin le trésor, celui-ci se dérobait sous ses pieds, et c’est le cas de le dire. Toutes ces lettres écrites avec le cœur dévoilaient les milles façons de dire je t’aime que toute femme hors du plateau aurait aimé entendre. Le personnage me rendait malade et en sortir était un long travail.

Comment dans la réalité un être semblable pouvait endurer une telle souffrance. Les discutions après le tournage avec les amis tournaient autour de cette idée qu’il ne faut pas chercher mais vivre et tant pis pour ce qui ne savent pas prendre leur chance. On sentait que certain se prenait d’amitié pour le personnage masculin. Elle, la femme libre et indépendante ne venait même pas boire avec nous, elle avait son monde. Nous ne savions quasiment rien d’elle, quelques secrets que la presse people n’avait pas pu trouver et que nous gardions par respect.

Son personnage, devait partir durant de long mois faire une formation pour avancer socialement et doucement se dessinait une des vraies raisons de son refus. Mais comme disait le directeur, jusqu’à la fin on ne saura pas si c’est aussi un beau mensonge pour tout simplement dévoiler ses désirs profonds.

Elle l’appelait de temps en temps pour qu’il vienne la couvrir de ses baisers et de son amour d’adolescent montrant qu’il n’y a pas qu’une intelligence, et que même diplômé, il était resté un enfant face à l’amour. Pourquoi n’y arrivait-il pas ? Quelles étaient ses barrières qu’à chaque fois que les femmes voulaient rester avec lui, lui ne trouvait pas encore la personne qui le comblerait complètement et que le jour où cette perle rare faisait irruption, comme un félin bondissant, celle-ci le rejetait avec douceur mais avec assez de savoir faire pour le garder sous la main.

Mauvais carma auraient dit certains, à force de faire souffrir d’autres femmes c’était son tour de mourir à petit feu. Comme si une malédiction l’avait suivi toute sa vie, une malédiction féminine qui après de moultes accidents le gardait encore vivant.

Au troisième jour de tournage, je me retrouvais sur un lit d’hôpital presque mort. Elle, l’actrice intouchable, venait me voir et se faisait un malin plaisir à me caresser et à effleurer mes zones les plus sensibles. Action ! Le personnage dans le coma devait ressentir mais ne rien bouger. Cette femme insensible se jouait des hommes, l’actrice souriait en montrant les draps. Je restais de marbre. Dans le lit d’hôpital au draps blanc mon corps était en léthargie comme si je descendais dans les abimes d’une mer bleu profonde.

Texte suivant : Initiation coquine. C'était une femme non attachée qui était en train d’ haleter, car à la fessée elle était initiée ; De nombreuses bougies étaient allumées, une particulièrement vivante et dressée… La femme initiée avec ses doigts de fée allait l'attraper… Un léger frémissement, un son avait-il soufflé, sa flamme dressée était ravivée.

Non, mon personnage ne sortait pas du coma mais dans les jeux amoureux que le metteur-en-scène avait développé, ce texte allait être lu à haute voix… Pour l’instant, il était important de montrer le temps qui passe sans aucune réponse, du matin au soir, les durées insupportables qui finissaient par une caresse de chien plaisaient à l’équipe, le directeur paraissait en jouir.

Quelques jours plus tard, après une pluie qui rendait impossible le tournage, j’avais devant mes yeux le texte suivant :

II- Te lire

Est comme une addiction
une belle dépendance qui réveille mon être.
Un besoin qui me libère et me rend heureux.
C'est te savoir près de moi par les mots.

Un lien tissé depuis nos premiers échanges,
où tu exprimais timidement et avec retenue
tes sentiments, t'essayant à l'écriture du sensible.

Poser des mots sur les sensibilités que tu sais et savais peindre...
Dessiner, figurer, transfigurer, esquisser la ligne au plus juste du ressentir . . .

"Puis le 29 octobre lisant tes mots, et tu viens un Dimanche … puis Le 2 Novembre tu commences "Quand les paroles et la peinture emporte le temps".
Le frisson est là, tout est intact, dans de si belles ondes ajoutées. Que notre éternel soit grandissant de sagesse, de bonté, d’Amour et d'Amitié ......."

Une intacte évolution de l'amour . . . où Notre Amour avait dépassé l’amitié ...

Le personnage devait s’agacer et dans des mouvements allant de la fenêtre à la cheminée, il devait crier : A quoi bon écrire pour quelqu’un qui a d’autres priorités !

Le silence le rendait fou.

Dans le texte, elle, avait déjà ses plans pour demain. Réussir pour continuer à vivre, se prouver qu’elle était capable de mieux, être indépendante seraient ses priorités cachées, mais d’autres allaient se dessiner au travers de vas et viens entre le présent et le passé. Ainsi, dans un voile du souvenir et à travers des voix tronquées aux effets spéciaux désuets, elle dévoilait à sa meilleure amie, au travers la vitrine d’un café, avoir tromper son jeune amoureux, mais comme elle n’avait pas obtenu ce qu’elle voulait et ne trouvait personne aussi attachant que lui, le pauvre orphelin faisait encore l’affaire. L’actrice jouait très bien la garce, mais comme le directeur était aussi vicieux qu’elle, son personnage était aussi attachant que pragmatique.

Lui, le pauvre innocent le savait, mais comme l’amour est aveugle, son cœur cachait ses douleurs et idéalisait ce cadeau tombé du ciel par-dessus tout… Cadeau qui allait devenir d’une amertume désolante.

Le temps s’écoule comme cette pluie qui ruisselle le long des trottoirs, froide et pénétrante.


III- Sur un voilier immense.

Un voilier immense était amarré aux rives du vieux Bordeaux, les gens venaient l’admirer, lui était sur le pont une lettre à la main, prêt à partir pour Buenos Aires :

Très émue et transportée,
Mon corps est excité
Par tes mots qui me caressent.

Mon esprit est exalté
Par les clés que tu me tends
Au-delà de mes portes.

Mon âme, par toi,
Est invitée à être initiée
Dans la force et la souplesse.

Comme mes pas
Vers l’inconnu,
Guidés par ton amour.

Je vole dans un autre espace.
Avec toi sans jugement
Je peux tout être.

Route vers Buenos Aires …


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Tournage de  Redescendre des nuages Empty Route vers Buenos Aires …

Mensaje  juanto 07.05.19 22:39

Elle avait fini par le rendre malade, croyant bien faire, sans nouvelles du matin au soir et l’appelant quand bon lui semble, elle jouait de sa position dominante d’être aimée.

Sur le pont, son premier geste avait été de froisser la lettre mais un quart de seconde après, il la redressait pour la garder. Le bateau partait laissant Bordeaux dans son dos. Remontant la Gironde, il regardait devant essayant d’oublier tout ce qu’il venait de laisser. Finalement cela n’avait pas été aussi dur. Son cœur s’était si bien endurci à son enfance que cette femme allait être la dernière à lui ôter la vie. Dans un geste maladroit où il esquissait un sourire, il laissa tomber la feuille dans le courant marron de l’estuaire qui en quelque seconde avala cette tâche blanche avec tous ces maux. L’anamorphose de cette image renvoyait au temps passé… C’était dans la boite.

Bruitage et bruit de fond allait être rajouter plus tard. Retour à Bordeaux. Tournage des scènes où seule, cette femme indépendante allait faire face à la vie. Revenue de ses épreuves, forte de ses résultats, elle avait complètement oublié son petit orphelin. Se connectant avec son téléphone au réseaux sociaux, elle échangeait avec ses amis les deux trois sentiments qu’elle distillait pour ne jamais trop se dévoiler. Le cadreur s’en voyait de toutes les couleurs pour la prendre au bon moment, avec la grimace de l’innocence et de la satisfaction de la personne qui veut croquer le monde. Le personnage qui n’était parti de rien, était arrivé à grimper les échelons de la vie sociale par des efforts incroyables et une fois en haut de l’échelle, elle voulait vraiment en profiter mais par-dessous tout, elle voulait que tout le monde le sache.

Scène où elle envoie un énième sms sans réponse. Cadrage du visage. Elle avait enfin réussi sa vie matérielle, mais elle ne savait pas qu’elle était en train de perdre. Ses relations avec les personnes qu’elle avait croisé lors de sa formation et son examen final, étaient tronqués par les faux-semblants de son attitude. Trop proche de la critique que l’on pourrait faire de sa personne, toutes ses manières étaient travaillées et bien loin de son naturel. Cependant le masque allait tomber.

Dans une contre-plongée la caméra se glissait de la mer vers le pont du bateau où il discutait avec une jeune femme qui allait retrouver son mari à l’autre bout de l’océan. Elle était vingt ans plus jeune que lui, et là, elle s’essayait à la conversation au sujet d’un livre.

A Bordeaux, l’insoumise lisait les sms envoyés « J'ai écouté ton message et regrette bien, de ne pas avoir eu le temps de répondre, j'ai raté une belle visite. C'est tout moi ! » Elle souriait, c’était son premier mensonge mêlé d’un peu de vérité, « J'espère que tu vas bien et que le retour en moto était agréable. »

Sur le bateau, la caméra faisait des arrêts sur image sur le visage enchanté de cette jeune bourgeoise qui en réalité, vivait dans un monde bien appart. Le directeur prenait un malin plaisir, comme d’habitude à mettre en contraste les deux visages.  Le vieux baroudeur la regardait les yeux perdus dans l’horizon se souvenant lui des premiers mots qu’il avait écrit à cette femme de qui il était éperdument amoureux.

« Une belle visite : Il me semble qu'il y a un fil invisible que les yeux ont noués, il manque parfois ce regard, alors les mots les remplacent avec la distance, à la recherche de cette chaleur si douce à notre âme, celle de se sentir aimé. »


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Tournage de  Redescendre des nuages Empty EN MER

Mensaje  juanto 09.05.19 0:02

Sur l’Océan tous les chats sont gris.

V- Dans le fond de mon compartiment, près de mon lit un bureau d’une taille ridicule, où mon livre et cahier tenaient à peine. Mon sac de marin avec mon ordinateur et mes clés usb pour sauvegarder mes écrits.

Dans un film où le voilier reste à quai et où toutes les prises d’intérieur se font tranquillement en bougeant un peu le navire, rendaient ridicules mes clés de sauvegarde. S’il coulait, tout irait au fond, surtout l’ordinateur. Pour bien faire le sac était jaune, insubmersible. Il me faisait penser à une bouteille moderne jetée à la mer avec le fameux message.

La caméra s’approchant de moi, je jouais le personnage se souvenant du temps passé à attendre. Les flashbacks du metteur-en-scène étaient la dichotomie qui devait se lire dans mon agacement lorsque je lisais à voix haute ses mots du soir après onze heures d’attente. Du matin au soir, j’avais le temps d’écrire et de mourir, elle n’aurait rien su, sauf me répondre dans son style bien à elle : "j'ai lu ton message et regrette bien, de ne pas avoir eu le temps de répondre, j'ai raté une belle mort. C'est tout moi !"

Tout était écrit, le bateau tanguait, la haute mer se faisait pressante, des vues du grand voilier au loin, invitaient au voyage, j’essayais de me concentrer pour aligner quelques lignes, son prénom parfois venait effleurer mes lèvres, et je sentais le sel s’immiscer sur ma peau. Écrire dans ce compartiment où la fenêtre donnait directement sur l’Océan, sur le bateau de secours à l’arrière du navire était aussi une invitation au rêve.

J’étais devenu skipper pour payer une partie du voyage grâce à un bourse d’équipier dénicher par un ami. Voyager était la seule solution pour ne pas perdre pied, et ne pas se noyer dans un chagrin aussi profond que l’Océan est bleu.

Ce bleu marine qui nous avait unis était aussi le symbole de l’adieu. Romanesque ou romantique ? Elle se voulait une des deux, pour moi elle était romanesque à la façon des livres et loin du romantique. Il ne lui manquait qu’à se défaire de tous ses préjugés et les que dira-t-on. Elle n’était pas fleur bleue et pour cette raison, j'avais laissé dans un garde-meuble de Bordeaux, une rose bleu nacrée aux nuances d’un lapis-lazuli, petit bijou qui nous avait unis pendant des années et qui enfermait une influence bien néfaste, son emprise sur moi.

Dans ce grand voilier, je servais de temps à autre d’équipier, et c’était une sorte de jeu pour tuer le temps et ainsi effacer son image de toutes mes pensées. J’apprenais chaque jour quelque chose de nouveau et des automatismes s’enclenchaient. Les repas dans la grande salle de réception étaient toujours le moment que tout le monde attendait. Le niveau sonore dans la salle à manger augmentait et s’était bon signe, au départ personne se connaissait et au fil et à mesure des jours, des amitiés se nouaient.

Á Bordeaux, ma douleur se trémoussait en essayant de ressembler à quelque chose. Désinvolte, hautaine son ascension sociale lui était monté à la tête. Elle occupait tout son temps d’une façon boulimique comme pour montrer à quel point cela était important de s’investir dans le travail, mais elle ne voyait à quel point elle se perdait. C’était le cadeau que lui faisait la vie pour m’avoir fait croire en l’amour. Elle qui jamais avait voulu faire sa vie avec moi, me faisait souffrir tous les jours, à part une fois par semaine quand j’avais de la chance, et ce, jusqu’au dernier moment de ma lassitude. De toute façon elle avait prévu que je me lasse et elle avait fini par gagner.

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Tournage de  Redescendre des nuages Empty Au réveil

Mensaje  juanto 09.05.19 22:45

VI-  « Conscient de ne pouvoir faire machine arrière pour me battre encore, j’étais très content d’avoir laissé dans ce même garde-meuble mon téléphone portable qui n’arrêterait pas de sonner.

Oui, elle avait gagné. Elle avait comme toutes les femmes programmé ses jours, ses mois, ses années, sa vie entière. Et face aux sollicitudes que je pouvais lui donner, elle adaptait son calendrier, son humeur et sa dose de sensibilité, tout un jeu de subtilités téléphonées qui auraient finalement raison de l’amour

Je mourrais à petit feu, lorsqu’elle m’éloignait d’elle par ses silences et qu’elle me reprenait empli d’une sensualité scandaleuse pour m’ignorer pendant des heures et des journées entières juste après. Je le comprenais lorsqu’elle était dans son lieu de travail, mais j’avais du mal à l’accepter lorsqu’elle était chez elle, où un simple sms avec un seul mot, une seule lettre, un seul émoticône aurait été plus que suffisant.

Cependant, le contraire aurait été impossible, puisque moi pour elle, j’étais vraiment à sa disposition vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Elle pouvait me joindre, m’écrire, me parler tout le temps. Moi j’appelais un répondeur, j’envoyais des messages sans réponse et, si je voulais la voir pour « x » raison, je pouvais attendre et en mourir tranquillement de désespoir. « Je ne veux pas être dépendante du téléphone » avait-elle dit.

Ce qui m’avait plu chez elle, était cet aspect sauvage loin de toute civilisation. Elle avait la sensibilité de la vérité crue, lorsqu’elle ne jouait pas un rôle, son état brut d’enfant sortie des bois était l’aspect le plus criant et ensorcelant.  C’était découvrir un nouveau monde, savoir qu’une nouvelle vie s’ouvrait à nous, que tout devenait possible. Ses qualités de comédienne étaient naturelles. Il lui fallait un coup de pouce et un bon coup de pied au derrière. C’est ainsi que je l’avais mis en relation avec les personnes adéquates. Ses différentes actuations sur les planches des théâtres des environs de Bordeaux allaient porter ses fruits. Puis les cours à l’école d’art dramatique, à l’université et à la comédie française l’avaient emmené vers le cinéma et ce premier film que nous faisions ensemble. »

Je venais d’enregistrer tout ce texte, ma voix avait été modifiée par des graves et chacune de mes phrases avaient son image ou des suites d’images, figées ou en mouvement qui venaient orner, complémenter, justifier chacune des idées, chaque mot énoncé. La musique, au rythme d’une valse animait les images et se finissait par un bandonéon. Cette séquence était comme un tourbillon, une farandole, un manège, où les chevaux en bois montent et descendent à en faire perdre la tête, comme elle.

Dans le film, J’avais préparé mon départ, depuis au moins un an. J’avais demandé une mise en disponibilité pour des raisons personnelles, accordée heureusement pour une durée de deux ans. Personne ne l’avait vu venir, seuls quelques copains étaient au courant. J’avais vendu la voiture et mis ma moto chez un frérot. Le reste des meubles auxquels je tenais étaient route du bord de l’eau, je voulais disparaître tranquillement et je faisais bonne route mais mon ordinateur portable aussi grand qu’une feuille A4, était comme une bouée de sauvetage, où se trouvaient gravées toutes ses paroles, tous se mots que j’avais bu comme un élixir de jouvence. Dans mes bras elle avait vingt ans. Ses yeux, son regard amoureux, joyeux, son sourire espiègle étaient autant de chaînes qui m’attachait au mât du navire, fuir, se détacher complètement de l’ensorcellement.

Je ne voulais pas l’admettre, mais elle jouait son rôle parfaitement. Elle préférait me cacher ses vrais sentiments, et parce que l’amour est aveugle, moi qui ne voyais rien et entendait encore moins, faisait la sourde oreille à ses cris désespérés quand elle ne voulait pas que je quitte tout pour elle… Pas maintenant si proche du but ! « Au non "amigo", je vais bientôt être indépendante et je ne tiens pas à avoir un fardeau avec moi ! » Aurait-elle pu dire. Peut-être que sa première expérience l’avait emmené à se méfier de tous les hommes, mais moi j’étais moi et rien d’autre, et encore moins un ex.


VII-              Au milieu de l’Atlantique.

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Mensaje  juanto 11.05.19 1:18

Dans un calme blanc effroyable, sur une mer d’huile qu’on vient de tondre à ras, le navire restait dans une quiétude monacale. Les voiles étaient rangées, les mâts étaient pelés comme un vieux sapin de noël sans épines. Tout le monde voulait aller sur le pont et les plus audacieux voulaient aller se baigner. Les 14 hommes d’équipage s’amusaient de nous voir tous aussi excités, comme si tout avait été programmé.

Il y avait une excitation sur le pont inoubliable, qui ne ressemblait en rien aux jours de tempête. Les jours de tempête étaient bien plus calmes. Une jeune américo-allemande d’au moins un mètre soixante-quinze, élancée et aux formes suffisamment modestes passait dans sa combine verte, son téléphone à la main, de bâbord à tribord.  Les yeux de tous les hommes l’avaient suivi comme dans un film musical. Un West Side Story marin. Elle allait rejoindre sa mère à Buenos Aires où elle l’attendait avec son nouveau copain, un argentin fortuné, latin lover comme on peut voir dans les vieux films. Elle, Alex, c’est comme cela qu’elle se faisait appeler, était souriante, décontractée douce et innocente, elle avait tendance à m’accoster mais avec deux pas en avant et un pas en arrière. Je sentais bien que quelque chose en moi lui plaisait, cependant elle ne se laissait jamais aller. Son élégance, quelle que soit sa position, était comme un don du ciel et un régal pour les yeux, l’esthétique parfaite du monde moderne. J’ai toujours aimé le beau, que ce soit chez les hommes comme les femmes, même si son visage laissait entrevoir une certaine tristesse, elle avait un charme fou qui ne laissait personne indifférent. Une belle est grande Tige.

Marie-Christine, la femme sur le pont qui m’adressa la parole les premiers jours vint prendre un bain de soleil. Elle faisait le lézard, car dès qu’un nuage se jouait de nous dans le ciel, Marie C, comme l’appelaient d’autres personnes, allait vite se cacher comme si le ciel allait lui tomber sur la tête. Femme maniérée qui regardait le monde avec un autre prisme, parfois hautaine savait cependant se faire aimer de tous. Son Mari, la faisait voyager pour qu’elle le laisse tranquille. Elle le savait, et nous étions d’accord, vaut mieux une vérité qui fait mal qu’un doux mensonge pour caresser dans le sens du poil.

C’est amour de ma vie m’avait menti et si les premiers mensonges étaient amusants, les derniers condescendants devenaient insupportables, mon cœur en était serré jusqu’à l’étouffer.  De onze heures sans nouvelles, elle passa à douze, et après ce fut du grand n’importe quoi, pourvu que je lui foute la paix. Un jour, c’était parce qu’elle devait apprendre un texte entier et que le silence le plus absolu lui était nécessaire, ou bien qu’elle avait écouté de la musique avec un casque, mais lorsque je croisais ses amis par hasard, eux qui ne savaient rien, me disaient qu’elle était sortie ou quelle avait discuté avec une copine toute l’après-midi.

Ceci dit, onze heures sans regarder une seule fois son portable ou ne pas répondre au téléphone était impossible, car elle devait bien répondre à son frère, sa mère et lire les sms de ses copines sans parler des autres réseaux sociaux. Douze heures sans regarder son portable aujourd’hui s’est carrément impossible même pour les moins accrocs. Donc, il fallait bien se rendre à l’évidence, elle me lit, mais me répond pas, elle m’écoute, mais ne me répond pas… Elle sait que je suis là, donc, pas de problèmes. On le siffle il vient, et s’il ne vient pas il est puni pour la journée.

Étais-ce parce que j’étais devenu trop collant ? Parce que j’en demandais trop ?

Non, Je ne crois pas. Elle de son côté était méfiante, elle voulait tout savoir, regardait tout ce que je faisais où j’allais, avec qui… Elle ne faisait confiance à personne, sauf si c’était un spécialiste ou un professionnel. Alors moi pour la rassurer, je lui écrivais ce que je faisais, je lui proposais des sorties et si cela rentrait dans son calendrier, et si cela lui plaisait alors c'était bon. En attendant, avec le temps toutes ses petites choses additionnées laissaient une amertume difficile à avaler.

Je me suis senti tombé dans la déprime la plus profonde qui soit, et ne sachant pas ce que pouvait être cette maladie, la dépression s’empara de moi à un point qu’il me semblait envisageable de mourir. Je ne me nourrissais plus comme il se doit, les pensées morbides m’envahissaient ? Je n’avais plus de goût à la vie, me trouvant très nul. Moi qui étais fort, solide comme un rock, résistant, résiliant, et toujours souriant allait commencer une plongée aux abîmes.

On pouvait lire sur moi les traits de la tristesse du matin au soir et personne ne pouvait m’aider, même pas l’alcool. Elle en tout cas ne voyait rien de cela, pour vu que je sois là quand elle le désirerait.
Alors fuir, préparer ma disparition, organisée par mes deux meilleurs copains, pour voir d’autres personnes, respirer un autre air, trouver un autre amour même platonique, pourvu qu’il me sorte de là, était la solution avant de faire ma révérence. Seul au milieu d’un immense océan plat, entouré d’inconnus. Tout cela je le lui devais.


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Mensaje  juanto 12.05.19 1:14

A Bordeaux

VIII-  Pas loin des Quinconces, dans un appartement spacieux, au dernier étage offrant une belle vue, j’allais heureusement retrouver mon amour, mon seul et unique amour.

Une fois les quelques scènes de haute mer tournées au loin du Cap Ferré, nous rentrâmes au bercail. Le reste serait des effets spéciaux de l’air du numérique. Le jeu était extraordinaire, entièrement joué en studio avec fond vert tirant vers le turquoise, situé rive droite de Bordeaux, pas loin de Darwin. Les petits génies aux cheveux longs et aux doigts de fées allaient s’occuper du reste, animer, créer et faire bouger le monde virtuel dans lequel nous vivions.

Moment de repos bien gagné, où je pouvais enfin partager la vraie vie avec celle que j’aimais tant. Seule prêtresse et gourou qui pouvait me guérir de tous les maux qu’était de porter un personnage, elle avait la faculté de m’exorciser de ses entités encombrantes par son écoute, sa tendresse et toute sa douceur.

Elle m’attendait toujours avec le sourire, et parfois quand elle était absente, c’était moi qui l’accueillais avec les bras ouverts. Dans son appartement, je me sentais enfin tranquille, loin du bruit, de l’agitation et de tous les faux semblants qui nous entouraient. C’était une grotte isolée du monde où je pouvais enfin respirer. Lieu magique, où un cercle nous protégeait du monde cruel dans lequel nous étions plongés. Ici, pas de fausse blonde ou brune, pas de faux explorateur anglais ou de riche héritière ou de marins. Il y avait elle dans chaque petit détail, son métier, sa vie et la douceur de sa peau, son air coquin, son sourire espiègle, sa sensualité à fleur de peau et son je ne sais pas quoi qui la rendait irrésistible quand elle me faisait ses imitations de Bardot ou de Salvador Dali. Oui elle avait du chien, et me retrouver avec elle, était mon secret que personne avait encore pu découvrir. Mes amis me demandaient toujours ce que j’allais faire et je leurs répondais, je pars à la campagne me reposer. Quelques curieux me demandaient où c’était et je leur souriais, loin d’ici. On me déposait place de la Bourse, je descendais comme pour aller prendre ma voiture, et je prenais l’ascenseur pour me perdre dans les couloirs et disparaitre dans les rues, habillé comme monsieur lambda. Dernier déguisement avant d’être moi vraiment.

Ses yeux amoureux étaient parfois fatigués des longues journées à enseigner la couleur, le trait, l’amour de l’impalpable au travers des nuances, ombres et lumières. Sa douceur faisait qu’elle ait toujours de beaux échanges avec les enfants, mais tout cela n’était pas de tout repos.

Cependant, elle savait faire une parenthèse dans sa vie lorsque je rentrais de mes tournées ou tournages. La tranquillité la plus reposante se formait sous sa présence, comme une magicienne elle ondulait ses mains, son corps suivait et la séance d’exorcisme sans que je sache avait déjà largement commencé.

Sa voix venait couvrir mes maux les dissipant, les diluant dans le cosmos. Mes mots de têtes partaient lentement et mon corps prenait le chemin du repos sous l’action de ses mains sur mes cheveux. Elle me tenait, comme on tient son enfant et je partais dans les rêves comme au premier jour de ma vie. Pas un mot plus haut qu’un autre, jamais un seul cri, la douceur dans la musique, le regard et le mouvement du pinceau.

Avec elle, l’acte de création n’était pas violence mais un bonheur, un sourire, une subtilité savamment d’osée. Dans ma vie, Dieu ou je ne sais qui l’avait mis sur ma route pour que je puisse finir celle-ci apaisé de toutes mes souffrances. Comme dans le film, j’avais été choisi parce que j’étais orphelin et parce que ma vie avait été bien tourmenté. Dans sa vie, j’avais été mis sur sa route pour qu’elle puisse mettre en valeur toutes ses capacités de don de soi, j’avoue que je lui en ai fait baver, et voir de toutes les couleurs. Son amour était tellement grand que j’avais encore la chance de partager sa présence.

Lorsque nous pouvions, nous allions toujours ensemble faire les courses, flâner ou regarder une expo, un ciné, un restau, et le plus, le top, les voyages ou les sorties en moto, où elle se serrait contre moi tellement fort que sont corps se fondait dans le mien. Nous avancions ensemble comme un seul être, sensation qui perdurait longtemps. Les kilomètres étaient avalés si facilement que le temps nous manquait. Une éternité avec elle n’aurait jamais été suffisante. J’aurais tellement aimé la connaître plus tôt. Parce que depuis que je la connais, je compte les heures, les minutes et les secondes avec elle, et il me faudrait tout une éternité pour décrire tout ce que je ressens pour elle.

Fut un temps, avant que nous emménagions ensemble, ma situation sociale me jouait des tours, troublant ma vue, mon esprit et faisant bifurquer mes pensées, mes idées et mes mots. Je souffrais, mais je la faisais souffrir encore plus et cela nous rendais triste, elle sans force et moi malade. Je ne m’aimais pas et je m’en voulais tellement, jusqu’au jour où nous primes la décision de faire notre vie ensemble. Ce jour-là, l’équilibre du monde, des mots et des étoiles revint.

Je me réveillais de la sieste, j’étais sur le bateau, dans un hamac et je venais de faire le plus beau rêve de ma vie…


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Tournage de  Redescendre des nuages Empty Re: Tournage de Redescendre des nuages

Mensaje  Admin 12.05.19 11:05

Journée de tournage

IX-Á peine avais-je les yeux ouvert que le directeur me dit, je viens de te filmer pendant que tu dormais, j’ai fait faire des photos et je vais te montrer ce que je veux pour la prochaine scène.

Je le laissais faire et en me levant, je regardais sur un écran mon visage, j’écoutais les commentaires des techniciens, le vent, les vagues qui frappaient la coque et tout à coup il dit « Là ! Voilà, c’est cette tête là que je veux » J’avais le visage de la béatitude, celui de l’enfant au milieu de la chaleur amoureuse, c’était sûrement lorsque je rêvais quand elle me passait sa main dans mes cheveux, ma joue collée à sa poitrine, mes bras l’enlaçant, unis en un seul être.

Je regardais autour de moi, pour constater que les marins étaient tous des figurants un peu YMCA…

Il m’avait fallu quelques minutes de sommeil, penser à elle pour revenir à la réalité. L’actrice qui faisait de compagne désagréable, bouffeuse de mecs, était habillée différemment sur le pont, avec cette fois-ci une perruque noire cheveux court, elle était steward et dans le film, elle entretenait une liaison avec un des garçons les plus costaud, en fait, ils étaient tous beaux. Bien bâtis et moi à côté, j’étais bien l’écrivain à la recherche de douleurs pour faire saigner sa plume.
Mon personnage était vraiment tourmenté…
Scène suivante, vue de la mer à perte de vue, la silhouette d’une femme indéfinissable sur la proue du navire où les trois mâts étaient presque visibles, sous la musique de Nazareth, Love Hurt de 1975. La silhouette verte passe et demande Comment vas-tu aujourd’hui, la musique baisse doucement en même temps que la caméra remonte ces interminables jambes, passer la vallée et finir par un beau sourire, elle s'approche et me dit quelque chose à l'oreille. 
Il faisait beau, le soleil était même un peu trop présent et la réplique était :
« Ce n’est pas en regardant la lumière que l’on devient lumineux, mais en plongeant dans sa propre obscurité. Mais ce travail est souvent désagréable, donc impopulaire. »
Citation de Carl Gustave Jung qu’il fallait que je lui dise en me perdant dans son regard.
Là, elle posait ses mains sur mes épaules et descendait sa tête vers moi, je louchais presque sur sa bouche, jusqu’à ne voir que ses yeux. Au même moment, elle commençait à m’embrasser doucement, langoureusement, ses hanches, sa tête, son corps en biais pour mieux s’adapter à ma taille.
Elle m’embrassait vraiment avec une telle passion que j’essayais de retenir mes envies et ça se voyais, Coupez ! Cria-t-il. Non, non, non ! On doit y croire alors lorsqu’elle t’embrasse tu te laisses aller !

Voilà, c’était dit, c’était un ordre, et pour m’exécuter, je m’étais mis dans la tête que j’embrassais mon petit amour qui m’attendait à Bordeaux. Nous reprîmes, elle recommençait à m’embrasser, doucement, langoureusement, ses hanches, sa tête, son corps en biais pour mieux s’adapter à ma taille. Elle avait reposé ses mains sur mes épaules et avait descendu sa tête vers moi, et je louchais presque sur sa bouche, jusqu’à ne voir que ses yeux. Et là, tendresse, sensualité, étoiles, étoiles partout, mon Dieu ! Mais pourquoi elle ne faisait pas semblant ? Au même moment que la situation pouvait basculer, je la repoussais légèrement et s’était dans la boite ! Elle riait aux éclats, elle était fière d’elle, son regard malicieux rendait jaloux tous les figurant marins. Elle avait fait exprès, c’était le directeur qui lui avait demandé. Il avait l’intention de me provoquer au maximum pour m’utiliser dans tous mes états émotionnels. Mon cœur lui n’était pas prendre, quelle que soit la beauté ou sensualité qui se trouve devant moi. Je ne m’y attendais pas, et c’était exactement le visage, le regard, les caresses qu’il voulait.

Moi j’avais dans mes yeux que cette beauté qui m’ensorcela depuis plus de dix ans déjà. Beauté révélée dans les domaines les plus insoupçonnés. Avec elle j’avais eu l’impression de renaitre, de ne jamais avoir fait l’amour auparavant. Toutes mes mémoires et souvenirs s’effacèrent, ne laissant qu’elle devant le monde. Je n’avais rien connu de tel et l’expérience se renouvelait à chaque fois que nous étions ensemble.  Communion des mots, des traits, de la vibration, du regard, du son, du toucher, le tout sur la plus infime partie de tout. Un simple baiser, son doigt parcourant ma peau…

Elle et moi ensemble, nous étions faits d’Art et d’Harmonie, nous étions formes et couleurs, nous étions musique et rythme, amour et passion, vie et douceur, tendresse et plaisir, force et bonté…

Alors oui, je pouvais passer par tous les états émotionnels mais enfin de compte, j’étais à elle. Elle un équilibre des astres, de la paix, alors que toutes ces figurantes et actrices étaient des sorcières qui essayaient de me déstabiliser.

Nous restâmes deux jours sur le bateau, parce que le numérique ne fait pas tout et heureusement. J’étais sans téléphone, sans lien de communication. Je pensais à elle. Comment faisait-elle pour supporter tout cela. Elle n’était pas jalouse ? Je m’endormis en écoutant les balades et musique douce de Dean Martin et Frank Sinatra.
 
Quelques jours plus tard…

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Mensaje  juanto 16.05.19 0:59

X- Ensemble

Nous étions enfin tous les deux, et cette fois-ci pas en rêve, et comme nous avions l’habitude, nous nous promenions dans Bordeaux la main dans la main, content enfin d’être ensemble.

Elle s’était maquillée, elle s’était teint sa longue chevelure blonde en noir, avec ses teintures « cheveux teinte temporaire » juste pour un week-end ou soirée. Elle aimait jouer l’actrice, l’incognito avec ses grandes lunettes noires et ses beaux sourires, ses grands talons aiguilles ou ses bottes à lacets en cuir noir qui lui montait jusqu’aux genoux. Cela lui donnait parfois un aire gotique, mais en tout cas, toujours mystérieux.

Et elle jouait bien, avec son déhanché pour me provoquer de sa position femme fatale en train de lécher les vitrines. Parfois les gens la prenaient pour une vraie actrice et se prenait en photo avec elle. Ils partaient en cherchant son nom, en parlant de cinéma, en parlant de choses qui font rêver, sans se rendre compte que dans le cinéma tout est faux. Il y avait de quoi se poser des questions sur notre vie. Vivions-nous dans un monde de faux semblant ? Je pense sincèrement que oui. Moi, quand je sortais avec elle, j’y allais le plus naturellement possible, et personne ne me reconnaissait, normal, je venais juste de débuter un rôle principal, j’étais toujours figurant invisible mais indispensable qui avait côtoyé pas mal d’acteurs.

A la terrasse d’un café nous mangeâmes tranquillement regardant les ombres que faisait le soleil sur la grande cloche, sur les arbres et leurs mouvement, balayés par le vent ou par le passage incessant des véhicules, avec leurs bruits de pneus, de freins, de moteurs, couvrant par moment celui des feuilles, des pigeons. Tout à coup dans notre quiétude, dans notre bulle, à la moindre déconcentration, cela faisait ressortir toute la ville en ébullition. Nous rentrâmes dans une église, moi pour me recueillir, elle pour admirer les voûtes, les peintures, les sculptures, les colonnes, les marbres, le bois, les couleurs, la douceur des bancs qui avait vus passer les siècles.

Quand je finissais de prier, je l’observais et j’étais heureux, heureux qu’elle soit dans ma vie, qu’elle m’aime. Heureux que nous puissions rire et vivre des moments intenses de respect. Dans cet environnement, je l’imaginais de blanc, avec une longue robe de mariée et des chérubins derrière elle rigolant et coquins comme elle, allant solennellement vers l’autel ou enfin presque….

Son maquillage noir, son rouge-à-lèvres noir, ses yeux avec ce sourire de chipie étaient la seule chose qui la sauvait de l’enfer. La douceur était toujours aussi visible et c’était celle qui me rendait la vie. Alors dans cette église, dans ce temple, elle volait comme une déesse et son visage d’enfant reprenait le dessus à chaque analyse de pierre, sculpture ou tableau.

Nous sortîmes dans une des rues piétonnes et en flânant quelques vitrines au loin une silhouette connue vient droit sur moi, éclairant la rue de son sourire. Traverse et avec un accent américain forcé, elle dit bonjour avec une main à mon amour, presque comme si elle n’était pas là, et avec malice se penche sur moi, et me dit à l’oreille « Alors, un petit bisous ». C’était l’actrice américano-allemande, celle de la combine verte, celle qui aimait me provoquer. En une fraction de seconde, mon amour s’en alla d’un pas décidé, baissant la tête s’enfermant dans son monde. La grande tige était venue rompre le charme de notre promenade.

Qui c’est ? Qu’est-ce qui lui arrive ? Mais pourquoi ? Me disait-elle alors que je commençais à courir après mon amour. On en parlera un autre jour, Adieu…lui-dis-je.

Je rattrapais ma belle, lui tirant le bras et les laisse-moi plein de tristesse et de rage. Oui elle était jalouse et pas qu’un peu. Mais bon, je n’avais rien à me reprocher, enfin je la prenais dans mes bras, la serrant très fort, comme un enfant qui veut montrer que son amour est grand. Oui, elle était jalouse et je ne m’en étais pas rendu compte à quel point. Jamais elle n’avait laissé entrevoir cet aspect-là. En fait, quand je sortais, elle tournait en rond, se demandant avec qui j’étais ou j’allais. Et ce n’était pas sans avoir essayé auparavant de la faire venir avec moi. Elle avait toujours des millions de choses à faire et en fait, elle tuait son temps à se relaxer avec des séances de yoga et de gym pour penser à autre chose.

Enfin, je lui reprenais la main et elle me sourit. Saloperie. Le sourire aux lèvres jusqu’à en mourir, son air de coquine alors qu’elle est capable du plus grand sérieux, là elle se moquait de moi, là elle était heureuse. Mon cœur battait à la chamade comme on dit, la perdre, rien que cette idée, venait bouleverser mon être à un tel point que j’en perdrais tous les moyens. Je me rendrais tellement insupportable que je n’arriverais pas à vivre avec moi-même.

En parlant de l’insupportable, de la très belle actrice qui jouait le rôle de ma compagne dans le film, elle était et jouait une véritable garce qui dans l’histoire me faisait souffrir parce qu’elle s’en fichait complètement, de savoir où j’allais et avec qui, du moment que je sois là quand elle en avait envie.

On la voyait tuer son temps dans les salles de sport, pour être belle. Prendre des cours de yoga, comme on va boire une bière au troquet du coin. Tout comme si rien n’avait de l’importance. Cependant elle passait plus de temps avec les autres qu’avec moi et c’était le jeu du film. L’histoire mettait en relief une femme indépendante d’aujourd’hui qui ne veux surtout pas se compromettre et utilise les mecs comme des objets. Leurs attitudes tellement humaines, téléphonées et prévisibles ne pouvaient les emmener que sur un seul chemin, la souffrance. Ils n’avaient que ce qu’ils méritaient. La fuite pour l’Argentine comme façon de reprendre sa vie en main, était un énorme détour, une épouvantable périphrase qui comme Sisyphe, remmenait l’efforts à la souffrance, qui le ramènerait à elle.

Dans une des scènes, chez elle, on la voyait s’activer refaisant les exercices qu’elle avait fait en salle tout simplement parce qu’elle avait un rendez-vous, et qu’elle voulait bien présenter. Elle avait pris son temps pour s’appliquer dans les gestes et les efforts, puis était allée faire un tour pour se détendre. Dans ses silences de longue journée, elle ne disait rien de ce qu’elle faisait, sauf à ses copines et moi qui l’attendais, lui trouvais de bonnes excuses par amour.

Un jour, elle me dit au téléphone qu’elle ne voulait pas sortir, qu’elle resterait chez elle à travailler son rôle, qu’elle préfèrerait rester tranquille. Bien, je comprenais, pas de problème, et je ne sais pas pour quelle raison, je pris un béret dans un tiroir, mon pardessus et partis dans les rues, flâner, tuer le temps me perdant dans l’obscurité. C’était très rare que mon personnage fasse cela, mais à ce moment du film oui. La nuit était sensée être froide et très noire, tous les effets spéciaux allaient rendre le moment mystérieux.

Soudain un bruit dans une rue, je me rapproche comme tout curieux, avec la caméra qui survole les rues en hauteurs comme si je les connaissais par cœur, comme si je connaissais le quartier par cœur aussi et chaque recoin. A l’autre bout de la rue, une lumière qui alterne, entre j’allume et je meurs, éclairait l’entrée d’un Pub. Je pousse la porte et je la vois, là devant moi sur un tabouret en train discuter avec des copines et des mecs. Sa réaction lorsqu’elle me vit, fut assez étrange. Elle me frôla en se levant pour aller aux toilettes, en me disant un « je t’aime » qui faisait encore plus faux que la moustache que je portais. C’est à partir de ce moment-là que commença le désenchantement et qu’il comprit, qu’elle ne ferait jamais sa vie avec lui. Qu’elle se moquait de lui. Et toutes les phrases revinrent lui hanter son esprit comme pour lui montrer à quel point il avait été innocent, candide, amoureux.

« Initiation coquine. C'était une femme non attachée qui était en train d’haleter, car à la fessée elle était initiée ; De nombreuses bougies étaient allumées, une particulièrement vivante et dressée… »

Cette phrase avait tout dit dès le début. Elle était libre, ne voulait surtout pas s’attacher. Elle aimait le sexe et en profiter. Elle en avait une longue expérience, elle connaissait bien le sujet, d’où son magnifique savoir-faire. Puis, elle avait dit clairement qu’elle avait plusieurs partenaires, et qu’elle prendrait le plus méritant ; en fait celui qu’elle voulait quand elle voulait et moi j’avais de la chance d’être là maintenant.

C’était tellement plus facile à comprendre maintenant.

Partir, sans faire de bruit, essayer de l’oublier malgré son prodigieux savoir faire qui maintenant était logique était nécessaire. Elle l’avait dit, "on n’a que ce que l’on se prend", donc elle profiterait à chaque fois que l’occasion se présenterait de prendre du plaisir avec qui bon lui semble. Belle idée, mais pourquoi me retenait-elle ? Pourquoi, si ce « je t’aime » était tout son contraire ?


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Tournage de  Redescendre des nuages Empty Re: Tournage de Redescendre des nuages

Mensaje  juanto 17.05.19 0:38

XI - En haute mer . . .

En route vers Buenos Aires, j’étais dans ma cabine et il fallait que je ressente toutes les peurs d’être abandonné. Comme de coutume en montant dans le navire, je m’étais débarrassé de tout moyen de communication. Je n’avais plus aucun lien avec le monde connu et il fallait que je reste enfermé durant des heures dans ce lieu exigu pour ressentir toute son apesanteur. Dehors ça s’agitait, cadreurs, techniciens, figurent et moi en train de mourir à petit feu. Je me souvins de notre promenade et de l’apparition de la belle actrice américo-allemande. Dans mon désarroi, je me mis à la place de mon amour et je me suis dit que j’aurais agit de la même façon, si un beau gosse, professeur d’EPS, était venu sur elle, illuminant l’avenu d’un sourire ravageur, en me snobant et lui parlant à l’oreille. J’aurais mal réagi certes, mais pas en fuyant, je lui en aurais collé une.

En attendant, mon personnage était, selon les textes que je devais lire, en train de se souvenir de tous les moments passés avec cette femme indépendante et froide. Et il devait en baver. Revirent à sa mémoire, les moments de sexe intense, d’amour light, et de toutes ces fois où elle préférait passer son temps loin de lui une fois obtenu satisfaction, y compris au travers des réseaux sociaux, où elle avait toujours le temps pour les autres mais pas pour lui.

En attendant, mon amour à Bordeaux, travaillait, rentrait exténuée et avait le temps de penser à moi, puisque tous les soirs, elle m’écrivait un mot gentil, et même tous les matins, elle savait que j’allais les lire un jour et que voir ce fil invisible allait m’attacher à elle, comme nous nous étions liés dès le premier jour.

Le bateau, commença à tanguer par une houle régulière, annonçant un vent lointain et surement une tempête. Tout le monde commença à ranger les affaires et personne ne resta sur le pont, à part les quatre ou cinq vrais marins. Une demi-heure après, il ventait, il pleuvait et une grande majorité était malade. Il y avait même des figurants marins qui étaient en train de vomir.

Moi, j’étais aux abris, en train de me fondre dans le désespoir. Le directeur eu l’idée de me filmer déambulant dans les couloirs, comme un homme ivre de tristesse, se cognant contre les parois, à chaque mouvement du navire. Sur ses images prisent en diagonales, se mélangeait, s’incrustaient à intervalle régulier des photos de cette ombre froide, me souriant, me faisant souffrir, me faisant prisonnier de son savoir-faire, jusqu’au moment où j’arrive sur le pont, une nuit d’orage.



Un homme à la mer

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Tournage de  Redescendre des nuages Empty Re: Tournage de Redescendre des nuages

Mensaje  juanto 18.05.19 19:16

XII-  Un homme à la mer
Le réalisme était tel que les secours furent prévenus de suite, et qu’ils arrivèrent facilement à notre point de tournage. Cependant, comme le directeur voulait du spontané, il avait demandé à un caméraman de s’équiper d’une petite caméra pour les scènes rapides, moi, j’en avais une encore plus petite, ainsi il pourrait plus tard, intercaler la vision du protagoniste mêlée avec celles de ses souvenirs. J’étais donc arrivé sur le pont et je continuais à zigzaguer comme il me l’avait demandé à l’intérieur quand tout à coup, dans mon élan de bien faire et par une malheureuse circonstance, où le bateau tanga plus fort qu’à un autre moment, plus une énorme vague, et une forte rafale de vent, dans cette scène qui n’était pas prévue qui n’était doublée par aucun des cascadeurs se trouvant sur le bateau, je partis faire un plongeon acrobatique dans l’océan. Excellent !!!, et au même moment un des vrais marins qui lui était dehors cria : Un homme à la mer !
Le film était guidé par la spontanéité, c’est ce que voulait le directeur, rien ne vaut l’imprévu, à la façon de Eli Wallach jouant le personnage de Tuco dans « Le Bon, la Brute et le Truand », lorsque celui habillé en blanc faisant de péon mexicain échappe à la potence, attaché les mains dans le dos sur un cheval qui part au galop quittant le village qui l’avait condamné. Scène inoubliable issu du spontané.
Pendant ce temps, je n’avais pas les mains dans le dos, mais j’essayais de ne pas couler, quelques marins et autres membres de l’équipage essayaient de me retrouver dans l’immensité de l’océan. « Il est là », pendant que le navire faisait la manœuvre pour revenir sur mon point de chute. Ils ne me trouvèrent pas et les secours étaient déjà en marche. Je ne portais rien de voyant, la caméra étant une sportive à tout épreuve, continuait de filmer les vagues, mon bras, mes mains et parfois le navire.
Je m’étais déjà retrouvé dans des situations comme celle-ci, une fois en Espagne, faisant de la pêche sous-marine où pris par une crampe, je lâchais harpon et laissé couler la longue palme de haute mer de ma jambe droite pour me relever les orteils et ainsi faire passer la douleur. Heureusement, il faisait beau, il n’y avait pas de vague et on voyait à plus de quinze mètres. Cette douleur cependant me mit dans une situation de danger mais, je sus garder le calme, contrôler la peur, les battements de mon cœur. C’est ce que je fis, rester calme, économiser mon énergie, je savais que j’avais très peu de chance de survie s’ils ne me retrouvaient pas dans les quatre heures suivantes grand maximum. Lutter pour flotter, ne pas avaler d’eau salée, et surtout ne pas se faire becter par un poisson affamé. En dehors de notre cocon de civilisation hyper protégée, rangée et de plus en plus ordonnée, la vie est impitoyable.


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Tournage de  Redescendre des nuages Empty Re: Tournage de Redescendre des nuages

Mensaje  juanto 16.11.19 9:11

Tournage de  Redescendre des nuages Arte10

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